Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Edith Gallois : Une vie de parisien

Conseil de Paris du 29, 30 et 31 mars. Mon intervention pour le réaménagement des places parisiennes

31 Mars 2016, 14:08pm

Publié par Gallois

RENOVATION DES GRANDES PLACES PARISIENNES

Oui, les places de Paris doivent aussi être dans l’air du temps. Entre les places-carrefours de Haussmann des années 1850, celles de la chanson de Brassens « de place en place » dont les paroles datent du début du 20° siècle, et les places d’aujourd’hui, l’air du temps a beaucoup évolué et nous pensons qu’il est nécessaire de réaménager un certain nombre de grandes places de Paris.

Mais cela ne peut se faire sans concilier la vision haussmannienne des places carrefours de grandes artères, parce que certaines restent des pivots d’une circulation qu il faut malgré tout assurer, et celle d aujourd hui, plus douce, tout en conservant leur cachet d’antan. Un exercice qui, certes, demande de l’application. Il n est pas tant question de les embellir que de les rendre plus partagées, plus conviviales.

L’air du temps, est à l’apaisement de la circulation, l’air du temps est à la mise en valeur de belles architectures, de verdir des places, de les adoucir, de les rendre accessibles aussi aux piétons et aux vélos, l’air du temps est à la respiration..

La respiration, voilà ce sur quoi nous devrions nous accorder : sur des places respiration !

Respiration pour une circulation motorisée plus fluide, une circulation cycliste plus sereine, une circulation pietonne plus douce. Une cohabitation plus tranquille, et plus respectueuse, en adequation avec les aspirations des parisiens.

Pour y parvenir , deux exigences sont incontournables: Une vision et des moyens.

Concernant les moyens, malheureusement, on déchante instantanément : 40 millions pour 7 places alors que 24 ont été dépensés pour la seule place de la République, pour un résultat que beaucoup estiment très décevant, c est beaucoup trop peu :

Alors , deux solutions: Soit ils seront respectés et dans ce cas on ne pourra pas parler de rénovation de 7 places parisiennes.

Soit ils seront très largement dépassés, et on est dans un cas d’insincérité budgétaire caractérisé.

Quand on sait que l’institut Montaigne estime pour sa part que la dépense devrait se situer entre 89 et 169 millions d euros, on est loin du compte.

Nous qui vous invitons en général à moins de dépenses, nous pensons que l’aménagement des places parisiennes mérite un budget à la hauteur de ce qu’elles représentent dans la vie parisienne et d’ une volonté assumée d’ un investissement durable .

Quant à la vision, elle nous parait manquer d ampleur, elle répond a cette logique « Ecologico comptable » qui vous anime, tout empêtrés que vous êtes dans votre conception dogmatique et punitive de la circulation automobile. Alors qu aucune solution alternative n est jamais donnée .... Le projet urbanistique, la question des usages, et la mise en valeur paysagère et architecturale nous paraissent dans votre délibération beaucoup trop secondaires.

L’aménagement de chaque place est spécifique et doit être parfaitement cohérent avec les usages de cette place dans un environnement donné.

Or, les usages des places sont très différents, et leurs environnements aussi : il y a les places carrefour, les places rencontres, les places terrasses, les places prestigieuses, les places square, les places promenade, les petites , les grandes places, les places incontournables, les places que l’on contourne, les places ou l’on aime s’attarder, les inévitables, les discretes.. Elles ont une vie, une identité, qui certes, peut évoluer, mais elles s inscrivent dans la vie d un ou plusieurs quartiers, les séparant, ou les reliant.

Cette évolution pour qu’ elle soit positive, pour qu’ elle rende la vie plus agréable, doit apporter de la fluidité et une certaine humanité. D ou l’importance de prendre en compte les travaux des conseils de quartier qui la vivent au quotidien.

Vous ne l’avez pas encore fait, en arguant du fait que cette délibération n’était qu’ un cadre. Alors j insiste aujourdhui sur le devoir qui vous incombe d’intégrer les observations des représentants des conseils de quartiers, ainsi que les études d’impact realisées par la Prefecture de Police de Paris.

A ce propos, La préfecture estime a juste titre, que son avis doit relever d’une double approche comprenant pour chacun des projets: l’étude de l’aménagement lui-même, mais aussi l’impact de celui-ci sur le plan de circulation , du secteur concerné.

J en viens aux exemples concrets : La place d’Italie, dans mon arrondissement , est l’illustration parfaite de ce que je viens de dire :

Cette place est immense, c’est un carrefour, proche d’une porte de Paris. On ne sait pas bien si elle réunit ou si elle sépare le 13° en deux: la partie est ,et la partie ouest. Le côté Blanqui et le côté Vincent Auriol puis d’un côté le quartier Tolbiac, et de l’autre celui des gobelins. Elle est un quartier en elle-même avec la Mairie, d’un côté le centre commercial Italie de l’autre, mais aller de l’un a l’autre à pied est long, et assez compliqué . Il y a beaucoup de circulation, mais pas de rencontres. On peut le dire, elle manque terriblement de convivialité.

il faut donc la rendre plus attractive pour les piétons, plus accessible pour les vélos, plus conviviale pour l’ensemble des usagers, moins dangereuse a son embranchement de Vincent Auriol en n’oubliant pas de prendre en compte le flux massif de voitures qui entrent et sortent de Paris et des 6 lignes de bus qui y circulent. Ne pas prendre en compte l’intégralité de ces usages, du fait de leur intensité, serait vouer ce réaménagement à un échec certain. Ne pas prendre en compte non plus les travaux du groupe de travail des conseils de quartier concernés serait non seulement méprisant pour la democratie participative, mais pour les attentes des habitants du 13° qui doivent la traverser.

Pour en connaître les détails, Je vous renvoie a la lecture de mon vœu rattaché.

Prenons maintenant le boulevard Blanqui, pour nous diriger tout droit jusqu’à la place Denfert Rochereau, dans le 14°, qui fait l’objet d’un autre vœu avec la place de la concorde.

Alors, curieusement cette place Denfert Rochereau que vous aviez initialement prévue dans votre programme a comme par enchantement disparu . Un mot pour vous dire combien c’est regrettable alors que la requalification de l entrée des catacombes et la rénovation par tranches de l’avenue du général Leclerc sont prévus. Peut-être sera-t-elle au moins intégrée au plan vélo et répondrez-vous a notre attente d’une continuité cyclable entre Denfert et Montparnasse .

Enfin j’arrive à la place de la Concorde !

C’est la plus grand place de Paris…Et pourtant elle laisse si peu de place aux piétons et aux cyclistes.

C ‘est aussi l une des plus belles, ou peut être même la plus belle de Paris, en nous offrant ces magnifiques perspectives sur les Tuileries, les Champs-Elysées, la rue Royale et l’Assemblée-Nationale…Et pourtant, pour celui ou celle qui voudrait en admirer toutes les subtilités, il vaut presque mieux être en voiture qu’à pieds ou à vélo…

Cette place comporte un caractère historique et patrimonial exceptionnel…Et pourtant, il n’est pas mis en valeur comme il le mériterait.

Pourquoi la negligez vous ? je dirais même pourquoi la traitez vous si peu ou si mal?

Parce que aujourd’hui, la place de la Concorde c ‘est avant tout, l’emplacement de cette regrettablement fameuse Grande Roue. A tel point que ce manège qui ne devait être que provisoire semble s’être installé durablement et que son propriétaire en arrive à estimer qu’elle fait désormais partie du paysage…

Notre Président Éric Aziere a soulevé à plusieurs reprises cette question, et je la partage : cette grande roue dans la continuité du jardin des Tuileries, face aux Champs Elysées, n’est pas à sa place. Son installation est beaucoup trop longue. On est au bord de l indigestion !

Quant à la circulation des cyclistes elle n’ y est tout simplement pas prévue. J’ avais déjà déposé un vœu sur la nécessité d’y prévoir une piste cyclable, qui pourrait être bidirectionnelle , du côté du jardin des tuileries. Vous ne pouvez pas prétendre faire de la place aux vélos s il y a des ruptures de circuits aussi dangereuses que ces places, difficilement contournables.

La place des places est considérable. L enjeu est grand, il doit être à la hauteur tant des attentes des parisiens, pour améliorer leur vie quotidienne, que de l environnement architectural, et du Patrimoine extraordinaire dans lequel elles s inscrivent. Leur réaménagèrent doit être a la hauteur de la trilogie: “ Identité, Patrimoine, et Paysage “ , que vous évoquez .

En conclusion je dirais tout simplement que pour offrir de la respiration, il faudrait plus de souffle. Un vrai souffle fort de fraicheur et d ambition.

je vous remercie.

Commenter cet article