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Edith Gallois : Une vie de parisien

Guerre Taxis/VTC, et si le gouvernement se posait la seule vraie question

11 Février 2016, 08:53am

Publié par Gallois

Un an après la loi Thévenoud, quel bilan ? La hache de guerre entre taxis et VTC est loin d'être enterrée. Les manifestations de taxis débutées mardi et se sont prolongées jusqu'à aujourd'hui, ont donné lieu à leur lot d'images de violences et d'arrestations, ce qui malheureusement commence à devenir une habitude.

La situation n'a déjà que trop dégénéré et il y a fort à parier que les accords trouvés par Manuel Valls ne sont que des points de suture à la loi Thévenoud, qui sauteront dès le prochain mouvement d'Uber. Sur le long terme, rien ne pourra se régler ni par la faiblesse de la loi actuelle, ni par l'acceptation totale des revendications des deux parties. En réalité, il faut aborder les vraies racines d'un fonctionnement aujourd'hui grippé et hors du temps : l'attribution des licences des taxis par le Ministère de l'Intérieur et le système du marché parallèle des licences.

L'attribution gratuite des licences par le Ministère de l'Intérieur, au compte-goutte, a donné lieu à un véritable marché parallèle, mais légal, de cession des licences de taxis, sujet aux fluctuations de l'offre et de la demande, comme si une telle licence représentait un fonds de commerce. Cela a créé une véritable bulle spéculative qui aujourd'hui éclate avec l'arrivée des VTC, et qui a même été savamment entretenue par les poids-lourds du secteur.

En réalité, les véritables artisans-taxis ne représentent aujourd'hui qu'une part infime du nombre d'opérateurs. La situation de quasi-monopole du groupe G7, notamment en région parisienne, et les pressions exercées pour que l'attribution gratuite de nouvelles licences ne soit que marginale, a conduit à l'élaboration d'un numerus clausus trop restrictif, véritable ligne Maginot contournée par le numérique. Les politiques du passé chahutées par l'innovation, voilà qui n'a malheureusement rien d'inédit ! Vite, une loi Macron bis!

Or, mettre fin à ce système pose la question du rachat des licences actuelles, estimé au moins à 5 milliards d'euros. Une somme que ne peut débourser l'Etat dans l'état actuel de ses finances. Difficile de ne léser personne dans cette affaire, que ce soient les taxis, qui sont aujourd'hui tout autant victimes que cautions d'un système qui remonte à plusieurs décennies, ni le contribuable, à qui il serait injuste de demander de signer un chèque pour renflouer une bulle spéculative dont il n'a pas profité, notamment en termes de service, ni aux conducteurs de VTC, qui, en plus d'apporter une offre de transports nouvelle, ont avec la loi Thévenoud déjà sacrifié une bonne partie de leurs bénéfices, et enfin, ni les clients, qui doivent pouvoir avoir accès à un tarif de course suffisamment attractif pour délaisser, lorsqu'ils le peuvent et le souhaitent (!), leurs voitures individuelles.

En revanche, il est essentiel de chiffrer précisément le montant économisé par les entreprises de VTC qui échappent à l'impôt français. Il serait intéressant d'envisager qu'une partie des taxes sur les sociétés de VTC, notamment celles qui actuellement ne payent pas d'impôt en France et qu'il faudrait donc contraindre, puisse servir à rembourser sur plusieurs années le rachat des licences actuelles de taxis, afin qu'à terme, il y ait en France un statut unique, sans monopole, ni numerus clausus.

Car n'oublions pas que derrière cette opposition taxis / VTC se cache une partie souvent oubliée de ce débat : les usagers et clients. Dans une ville comme Paris où Anne Hidalgo fait la chasse à la voiture individuelle sans proposer réellement une vraie alternative, il est aberrant que le nombre de licences nouvelles de taxis soit à ce point famélique et que le développement des VTC y soit bridé par une loi Thévenoud faite de rustines et de broc.

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